En incitant à l’innovation, le gouvernement cherche à créer une société basée sur le savoir, où le talent et la technologie se croisent pour ouvrir de nouveaux horizons d’investissement et de création de projets.
L’innovation n’est pas qu’un simple mot à la mode, dans un monde effervescent et compétitif où tout va très vite et où les startup prennent une place prépondérante dans la création de richesse. Une chose est certaine : c’est une nécessité pour survivre. En Tunisie, cette orientation est de plus en plus reconnue, comme en témoigne une récente cérémonie tenue à La Kasbah, qui a honoré de jeunes entrepreneurs et des startup primés dans des domaines allant de la robotique à la sécurité de l’eau. Si le faste peut sembler habituel, le message sous-jacent envoyé par le gouvernement pointe vers un changement profond dans la stratégie économique nationale, un changement où les startup et l’innovation deviennent centrales pour l’avenir économique de la Tunisie.
L’annonce par le Premier ministre, Kamel Maddouri, de nouvelles mesures visant à alléger les charges financières des startups, notamment en facilitant l’accès au financement et aux garanties, est cruciale. Les startup prospèrent dans des environnements où les risques peuvent être atténués, et les efforts de la Tunisie pour développer des cartes technologiques internationales et réviser les codes de change indiquent une volonté plus large de positionner ces jeunes entreprises sur le marché mondial. Il ne s’agit pas seulement de concurrencer localement mais de connecter la Tunisie aux vastes réseaux décentralisés du commerce numérique mondial.
Des ministres à l’écoute
Présente lors de cette cérémonie, Souleima Ben Temime, cofondatrice de la startup Gewinner, aux côtés de Khaoula Ben Ahmed, Ghofrane Ayari et Sirine Ayari témoigne : «Nous avons été honorés d’être reconnus par le Premier ministre, un geste qui souligne l’excellent travail accompli par les startup et leur capacité à représenter notre pays sous son meilleur angle. Ce fut également un plaisir de rencontrer les différents ministres, qui ont pris le temps d’écouter nos projets et d’échanger avec nous».
Cependant, il reste difficile de naviguer dans le paysage. Même avec le soutien du gouvernement, de nombreuses startup peinent à surmonter les obstacles bureaucratiques, et les systèmes financiers ne sont pas toujours adaptés aux besoins rapides du monde entrepreneurial. Le “Startup Act 2.0”, mentionné par Maddouri, promet de simplifier davantage ces processus, mais il faudra plus que des mises à jour législatives pour développer un écosystème de startups véritablement solide. L’accès au financement, en particulier pour les jeunes entreprises en démarrage, reste un défi, comme l’a souligné le Chef du gouvernement en personne.
Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que la Tunisie parie sur l’économie de la connaissance. En incitant à l’innovation, le gouvernement cherche à créer une société basée sur le savoir, où le talent et la technologie se croisent pour ouvrir de nouveaux horizons d’investissement et de création de projets. Le potentiel technologique du pays est clairement visible, comme le montre la réussite de startups comme Aquadeep, Watersec et Enova Robotics, qui ont gagné une reconnaissance internationale. Ces entreprises exploitent des technologies de pointe pour répondre à des problèmes mondiaux critiques comme la pénurie d’eau et la robotique, donc des secteurs qui façonneront sans aucun doute l’avenir de l’industrie.
De son côté, Farés Khiari, journaliste spécialisé dans les startup, souligne l’importance de cette initiative et estime que «le discours du Chef du gouvernement, Kamel Meddouri, marque un pas important dans la valorisation du potentiel de notre jeunesse». Cependant, il note que cette reconnaissance ne doit pas rester un simple hommage symbolique. Il est essentiel que cette dynamique se transforme en actions concrètes.
«Le StartupAct 2.0 est une initiative positive, dit-il, mais ce n’est qu’un début. Il est impératif d’aller plus loin, notamment en facilitant l’accès au financement et en créant un cadre réglementaire propice à l’innovation».
Dans le détail, Farès Khiari, habitué aux préoccupations des entrepreneurs, plaide pour des réformes plus profondes pour alléger les procédures administratives, faciliter l’accès au financement, et surtout offrir un cadre fiscal incitatif.
«C’est par l’action que la Tunisie pourra se positionner comme un leader en matière d’innovation et d’entrepreneuriat, en exploitant au maximum le potentiel de sa jeunesse. Le moment est venu de transformer les ambitions en réalisations concrètes», dit-il à La Presse.
«Auto-entreprneurs», à vous de jouer
Le lancement de la plateforme “Auto-entrepreneur”, conçue pour permettre aux jeunes Tunisiens de travailler de manière indépendante dans des secteurs allant de l’artisanat aux services numériques, souligne aussi l’engagement du gouvernement à créer une économie numérique inclusive. En numérisant le processus de création d’entreprise et en offrant un soutien disponible 24h/24 et 7j/7, la Tunisie fait des progrès significatifs pour moderniser son infrastructure entrepreneuriale.
La reconnaissance de 150 startup ayant déjà bénéficié d’un financement de 4 millions de dinars est un bon début, mais c’est toujours insuffisant en comparaison des besoins d’un secteur technologique en pleine évolution. Les jeunes innovateurs de Tunisie auront besoin d’un investissement soutenu, non seulement financier, mais aussi dans l’éducation et l’infrastructure, en particulier dans les domaines de l’intelligence artificielle et des technologies de la communication.